Les musulmans défendent souvent l’idée de « l’ijaz ilmiy », théorie selon laquelle il y aurait des connaissances scientifiques dans le Coran. Cette thèse est généralement mise en avant pour soutenir la légitimité de la mission prophétique de Muhammad, mais les musulmans s’en servent également pour défendre l’origine divine du Coran. Alors qu’il transmettait le Coran, et qu’il répondait aux questions recensées dans le hadith, Muhammad aurait fait preuve d’une connaissance scientifique qu’il n’aurait pas pu avoir à son époque. D’où une nécessaire inspiration divine. Cela pouvait uniquement signifier que seul Dieu aurait donné à Muhammad cette sagesse surnaturelle, et, par conséquent, qu’il était un prophète envoyé de Dieu.
Cette école du « contenu scientifique du Coran », très audacieuse, a reçu non seulement un soutien populaire grandissant, mais également un support officiel et financier. Une « Autorité mondiale pour les miracles scientifiques du Coran et de la Sounna » a en effet été mise en place à La Mecque, sous la direction de la Ligue musulmane mondiale. Il y a même un prix international du « Saint Coran » attribué à « la personnalité islamique de l’année ». Zakir Naik, un célèbre apologète musulman indien, connu largement pour sa spécialité dans ce thème de « miraculosité scientifique du Coran », en a bénéficié en 2013.
Dans la bataille de la conversion, qui fait rage sur internet, cet argument de l’ijaz vient en premier. Aujourd’hui, un jeune passe au moins deux heures sur internet chaque jour, c’est dire s’il a le temps de voir de la propagande passer, l’argument « scientifique » étant le numéro 1 ! Un bon nombre d’européens convertis à l’Islam se sont convertis suite à ces « preuves », leur foi est basée sur les « miracles scientifiques du Coran ». Un certain nombre de gens se font attraper malgré l’absurdité totale des arguments, comme nous le verrons dans un instant, parfois à cause de leur peu de curiosité à se renseigner sur la partie opposée. Probablement aussi par le besoin humain d’une spiritualité, dans un monde où celle-ci disparaît.
On affirme souvent que le récent flambé de l’ijaz fut déclenchée par Maurice Bucaille, le médecin français qui a publié en 1976 un livre intitulé, « La Bible, le Coran et la Science », dans lequel il aborde l’évaluation scientifique de la Bible et du Coran avec des critères relatifs. Il y déclare que non seulement le Coran ne contient aucune assertion pouvant être contredite par les connaissances scientifique les plus récentes, mais qu’il comporte, en outre, quelques références à des faits qui ne pouvaient être connus de qui que ce soit au 7e siècle. Son exégèse a été largement critiquée par beaucoup, car elle exige de la Bible une stricte conformité aux connaissances scientifiques actuelles, qu’il n’exige pas du Coran, et son approche est largement rejetée par la communauté scientifique.[1] Le livre a depuis été réédité (en français) au moins 14 fois et traduit dans plusieurs langues. Le Dr Bucaille est devenu une icône culturelle. Il ne fait aucun doute, dans l’esprit de tous les observateurs, que ce succès est dû en grande partie à sa nationalité française et à son statut de docteur en médecine.[2]
L’exemple du « contenu scientifique miraculeux du Coran » le plus cité se trouve dans la Sourate 23:12-14. Ici, dit-on, le Coran décrit le développement de l’embryon par étape. Décrivant le développement zygotique depuis la fertilisation jusqu’à la différentiation, le Coran présente une connaissance dans un domaine scientifique inconnu du temps de Muhammad. Ce n’est qu’avec le développement de la médecine moderne que nous avons réalisé que ces découvertes avaient déjà été révélées dans le Coran.
Un autre argument communément utilisé est celui que le Coran transmet des vérités géologiques miraculeuses à propos des montagnes. Dans la Sourate 78:6-7, le Coran décrit les montagnes comme étant des « piquets », montrant ainsi qu’elles ont des racines qui s’étendent sous la surface de la terre. C’est seulement dans les temps modernes, dit-on, que la science à découvert l’existence de telles racines. De plus, le Coran enseigne que les racines de ces montagnes stabilisent la terre, ce que l’étude de la tectonique des plaques a seulement récemment établi.
Parmi les Miracles Scientifiques du Coran les plus cités, figure aussi celui-ci où on lit : « Et c’est Lui (Allah) qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et IL assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable. » (Sourate 25 :53) Les musulmans disent que c’est seulement au 20ème siècle que cette connaissance scientifique du Coran a été découverte. Le commandant Cousteau, dit-on, a découvert dans la mer deux eaux qui ne se mélangent pas : l’une salée et l’autre potable. Et lorsqu’il a trouvé que ceci était cité dans le Coran, il embrassa l’Islam.[3]
LA REPONSE : CONSIDERER LE TEXTE ET SON CONTEXTE
Analyser simplement le texte et le contexte de cette prétendue connaissance scientifique est suffisant pour conclure qu’il ne s’agit pas d’un argument convaincant.
Considérons l’exemple de l’embryologie coranique. Avant même de regarder au texte du Coran, nous devrions considérer ce que l’homme avait déjà découvert dans le but de définir de manière adéquate ce qui pourrait constituer une connaissance miraculeuse. Environ mille ans avant Muhammad, Aristote avait publié un traité à propos de l’embryologie, De la génération des animaux.[4] Étant un livre traitant du sujet de l’embryologie dans son entièreté, ce-dernier est bien plus scientifique et détaillé que tout ce que Muhammad suggère. Dans la section 734a, Aristote aborde explicitement le développement de l’embryon par étape. Dans la section 745b, il explique qu’un embryon est attaché à l’utérus par l’intermédiaire d’un cordon ombilical. Claude Galien, un scientifique grec ayant vécu près de cinq cents ans après Aristote, 2ème siècle après J-C, et cinq cents ans avant Muhammad, a également écrit un traité sur l’embryologie, Des facultés naturelles. Reconnaissant le fait que le développement se fait par étape, il dit :
« Mais reprenons à nouveau la description à la première formation de l’animal, et, afin de rendre notre description ordonnée et claire, divisons la création du fœtus en quatre périodes de temps. La première est celle dans laquelle, comme nous le voyons dans les avortements et les dissections, la forme du sperme a le dessus. A ce stade, même Hippocrate le merveilleux n’appelle pas la forme de l’animal un fœtus, comme nous l’avons entendu dans le cas du sperme vidé au sixième jour, il l’appelle toujours du sperme.
Mais quand il a été empli de sang, et que le cœur, le cerveau et le foie sont toujours inarticulés et informes, mais ont dès lors une certaine solidarité et une taille respectable, c’est la deuxième période ; la substance du fœtus a la forme de la chair et plus la forme du sperme. En conséquence, vous verriez qu’Hippocrate n’appelle plus cette forme « sperme » mais, comme il a été dit, « fœtus ».
La troisième période suit lorsque, comme il a été dit, il est possible de voir les trois parties principales clairement comme une sorte de détour, une silhouette en quelque sorte, de toutes les autres parties. Vous verrez la conformation des trois parties principales plus clairement, celle des parties de l’estomac plus faiblement, et bien plus, celle des membres. Plus tard ils forment des « brindilles », comme le dit Hippocrate, indiquant par ce terme leur similarité avec des branches.
La quatrième et dernière période est au stade où toutes les parties des membres ont été différentiées, et, à ce stade, Hippocrate le merveilleux n’appelle plus le fœtus un embryon mais déjà un enfant ; ainsi lorsqu’il dit qu’il tressaute et bouge comme un animal déjà entièrement formé… Le temps est venu pour la nature d’articuler les organes précisément et d’amener toutes les parties à la formation finale. Ainsi elle fait croître la chair sur et autour des os, et en même temps… elle crée à l’extrémité des os des ligaments qui les lient les uns aux autres. Et sur toute leur longueur elle place autour d’eux de fines membranes appelées periostéales sur lesquelles elle fait croître la chair ».[5]
Ainsi, les termes et les concepts ont été soigneusement définis, aussi bien par Aristote que par Galien, affichant de manière très détaillée le processus de développement embryologique.
Retournons maintenant au Coran, il nous faut citer le passage en question, Sourate 23:12-14 : « Nous avons certes créé l’homme d’un extrait d’argile ; Puis Nous en fîmes une goutte de sperme dans un reposoir solide. Ensuite, Nous avons fait du sperme une alaqah (adhérence, sangsue, chose suspendue, caillot de sang), et de la alaqah nous avons créé une moudghah (morceau de chair, substance mâchée, bouillie, embryon)… Puis, de cette moudghah Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous l’avons transformé en une tout autre création. Gloire à Allah le Meilleur des créateurs ! » Voilà tout ce qui est dit dans le Coran sur la formation du fœtus.
Premièrement, nous devons en déduire qu’il n’y a aucune possibilité de quoi que ce soit de miraculeux ici. En aucune manière, il serait défendable que Muhammad n’ait pris connaissance d’aucun élément en embryologie quand des livres entiers ont été écrits par Aristote des siècles auparavant et cinq cents ans pour Galien. L’astrophysicien musulman, Nidhal Guessoum, le reconnait :
« On a bien du mal à trouver là des preuves aux déclarations des adeptes de l’ijaz, c’est-à-dire de l’existence de « faits scientifiques » n’ayant été découverts que récemment »[6].
Basim Musallam, musulman, directeur du centre des études du Moyen-Orient à l’université de Cambridge indique :
« les étapes du développement établies par le Coran et le Hadith pour les croyants étaient parfaitement conformes au compte scientifique de Galien… Il n’y a aucun doute que la pensée médiévale ait apprécié cet accord entre le Coran et Galien, parce que la science arabe a utilisé les termes du Coran pour décrire les étapes galéniques. »[7]
D’autre part, le Coran utilise des termes et des concepts peu précis, bien loin de la précision scientifique de Galien. Beaucoup de musulmans tiennent pour acquis que les termes « alaqah, adhérence » et « moudghah, embryon » constituent des références spécifiques à l’embryologie. Ils tiennent peut-être cela pour acquis du fait qu’ils croient déjà en la miraculeuse connaissance scientifique du Coran, mais ils ne peuvent pas tenir cela pour acquis dans le but de prouver que celui-ci constitue de tels savoirs. Une telle conclusion serait circulaire. L’originalité du langage employé rend ce passage davantage indéchiffrable que miraculeux.
Ce qui peut être établi, au travers de l’usage rudimentaire de la terminologie, c’est la notion de développement par étape, mais ce n’est certainement pas le miraculeux, puisque c’était déjà bien connu à l’époque de Muhammad. De même, Aristote avait déjà décrit l’attachement de l’embryon à l’utérus par l’intermédiaire d’un cordon ombilical (c’est-à-dire une adhérence). Quant à l’embryon, les femmes en Arabie faisaient beaucoup de fausses couches comme c’est encore le cas aujourd’hui, et elles voyaient des fœtus, de la manière dont le Coran les décrits.
Concernant les précisions, nous pouvons seulement deviner ce que cette partie du passage, Sourate 23:12-14 , voulait dire. Autant que cela dépende, la clarté du texte, la seule partie de ce passage coranique qui donne une affirmation explicite, est que les os se développent dans un premier lieu puis qu’ils sont ensuite recouverts de chaire.[8] On retrouve cette idée erronée déjà chez Galien, cité plus haut. Malheureusement, cela est faux. La science moderne nous apprend qu’une seule couche embryonnaire, le mésoderme, se différencie à la fois des os et de la chaire. On sait maintenant que l’entrée d’un spermatozoïde dans un ovule donne une cellule-œuf, qui va se diviser successivement intensément, puis celles-ci vont se spécialiser en parallèle pour donner simultanément des organes divers avec un cartilage (futurs os). Donc oui, c’est une erreur de faire croire que les os se forment avant d’être recouverts de chair.
De ce fait, la seule partie du passage qui est clairement énoncée est scientifiquement incorrecte, et le passage dans son ensemble est encore moins élaboré que les textes écrits une centaine d’années auparavant. Ce n’est tout simplement en aucun cas un passage miraculeux.
Concernant la soi-disant miraculeuse connaissance à propos des montagnes – le fait que celles-ci stabilisent la terre et ont des racines – il y aurait beaucoup à dire, mais il serait utile de simplement souligner la structure. Là encore, l’affirmation scientifique est fausse. Les montagnes ne créent pas de stabilité sur la croûte terrestre ; au contraire, elles sont le résultat d’une instabilité tectonique. Bien que l’assertion que les montagnes ont des racines sous la surface de la terre soit dans un sens correcte, le Coran n’était certainement pas le premier livre à avancer cela. Nous pouvons constater que cette assertion est faite au moins à trois reprises dans la Bible : Job 28:9, Psaume 18:8, et Jonas 2:7.
«L’homme porte sa main sur le roc, Il renverse les montagnes depuis la racine. » – Job 28:9
« La terre fut ébranlée et trembla,
Les fondements des montagnes frémirent,
Et ils furent ébranlés, parce qu’il était irrité.» – Psaume 18:8« Je suis descendu jusqu’aux racines des montagnes,
Les barres de la terre m’enfermaient pour toujours;
Mais tu m’as fait remonter vivant de la fosse,
Eternel, mon Dieu!» – Jonas 2:7
« Bricolage scientifique »
Je vois d’ici les accusations de manipulations et d’islamophobie que certains feront à l’égard de cet article. Ainsi je crois que laisser la parole à un astrophysicien musulman, déjà cité, expliquant qu’après analyse critique il n’y a pas de vérités scientifiques dans le Coran, sera plus efficace que toutes les démonstrations que pourra faire un non-musulman face à un être borné, limité.
Astrophysicien musulman de notoriété internationale, Nidhal Guessoum a travaillé durant plusieurs années à la NASA. Il est actuellement professeur et directeur adjoint du département des sciences à l’université américaine de Sharjah (Emirats arabes unis). Régulièrement invité dans les colloques internationaux, aussi bien dans le monde musulman que non-musulman, Nidhal s’emploie à concilier la tradition musulmane avec la rigueur méthodologique de la science moderne, tout en réfutant l’approche du « contenu scientifique miraculeux du Coran » qu’il qualifie de « bricolage scientifique ».[9] Une recherche rapide sur le net vous permettra de trouver ses différentes interventions sur le sujet.
Dans un entretien à la chaine musulmane OummaTv, le présentateur lui pose la question, « Vous êtes particulièrement critique sur la notion de l’ijaz, « le contenu scientifique miraculeux du Coran ». Pourquoi êtes-vous critique à cette notion ? » Nidal répond :
« Pour plusieurs raisons. Premièrement, parce qu’il n’y a aucun exemple solide que pourraient nous présenter les défenseurs de cette théorie de l’« ijaz », soi-disant miraculeux contenu scientifique du Coran. Il y a énormément d’exemples qui ont été mis en avant, la plupart sont carrément ridicules, voire dérisoire, et deux ou trois qui, plus au moins, semblent impressionner les gens et tenir un peu la route. Lorsqu’on les examine, on voit qu’il n’y a rien dans ces exemples qui prouve qu’il y a des connaissances scientifiques dans le Coran ou dans la Sunna qui n’était pas connu des humains en ce temps-là. Lorsqu’on les regarde, sans à priori, il n’y a aucun exemple qui soutient cette définition, ou ce critère de l’« ijaz». Deuxièmement, cette théorie de l’ijaz, est une théorie, à mon sens, religieusement dangereuse, parce qu’elle dit aux gens qu’on trouve de la science dans le Coran, alors que ce n’est pas l’objet du Coran, et qu’il y aurait des versets au sens équivoques, des termes qui seraient alors tordus, figés pour leur faire dire autre chose ; tout cela conduit à des dérives graves et dangereuses… Pour toutes ces raisons, je pense que la théorie de l’ijaz est non seulement nulle, mais dangereuse. »[10]
En arabe :
Nidhal a aussi écrit deux livres intitulés « Islam et science moderne : les questions qui fâchent » et « Islam et Science : Comment concilier le Coran et la science moderne » dans lesquels il consacre un chapitre entier expliquant pourquoi il rejette l’idée que des théories scientifiques soient exposées de façon précise dans le Coran.
« Cette théorie, de l’ijaz ilmiy (« ʺmiraculositéʺ scientifique ») coranique, a explosé au sein de la société musulmane, et s’est amplifiée, pour rapidement occuper maintenant une grande partie du paysage culturel du monde islamique (en particulier sa partie arabe), au point de générer toute une industrie de livres, de conférences et de produits audiovisuels. Une recherche rapide sur Internet de ce genre de littérature permet de découvrir des titres comme Le Monde subatomique dans le Coran, La Science et la sounna : le code génétique, L’Islam et la deuxième loi de la thermodynamique, etc. D’autres articles proclament que le Coran avait prédit l’invention de la radio, du télégraphe, de la télévision, du laser, ainsi que l’existence des pulsars et des trous noirs, et bien d’autres merveilles…
Il s’agit, presque systématiquement, d’employer la même « méthode » : citation de quelques versets, apport d’une mine d’informations dites scientifiques récentes sur le sujet, puis, rapidement, affirmation que les versets correspondants contiennent la même richesse, la même précision que les informations scientifiques, et qu’ils seraient donc miraculeux…
La théorie de l’ijaz était, à ses débuts, une petite boule de neige blanche ; elle a cependant roulé et accumulé des détritus (des arguments et des exemples ridicules reposant sur des méthodologies boiteuses et douteuses) ; c’est maintenant une masse de glace gris sale, qui fond facilement sous l’intense lumière d’un examen minutieux, objectif et méthodique.
En outre, je considère l’approche de l’ijaz comme dangereuse. Car d’abord, elle prétend que l’on peut identifier des « faits » scientifiques actuels et les comparer avec des « déclarations coraniques équivoques », ce qui démontre une incompréhension évidente de la nature de la science.
…
Ensuite, pour résumer brièvement, je souhaiterais insister de nouveau sur le fait que la théorie de l’ijaz tout entière est rejetable, non seulement sur la base des principes méthodologiques erronés qu’elle définit pour elle-même, mais également du point de vue des méthodes qu’elle utilise dans la pratique, dont j’ai produit de nombreux exemples. »[11]
Lors d’une intervention de Nidhal Guessoum à la Faculté des Sciences Islamiques de Paris, quelqu’un, un musulman, lui a posé la question suivante : « Vous n’acceptez pas l’idée de l’ijaz, mais lorsqu’on prend le verset comme, « Et c’est Lui qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et IL assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable. »[12], dit il y a 1400 ans, avec toute cette précision scientifique derrière, et les découvertes scientifiques récentes qui la confirment, on ne peut pas nier le miracle scientifique du Coran. »
Nidhal lui a répondu :
« Ce phénomène des mers décrit dans ce verset, vous ne le savez peut-être pas, mais il était déjà connu des marins et des pécheurs de toute la région. Depuis de millénaires, on savait que ces sources d’eau douce sortaient des côtes sous-marines au Yemen. Aujourd’hui, nous savons que cela était connu.
La définition de l’ijaz dit que le Coran contient des vérités scientifiques qui n’ont été découvertes que dernièrement, et que, il y a 1400 ans un homme en Arabie ne pouvait pas savoir. Cet exemple que vous citez est en contradiction flagrante avec cette définition de l’ijaz, parce qu’il suffit d’aller chercher un peu et voir à quel point ce phénomène était connu. Cette idée qu’il y a un miracle linguistique ou scientifique, etc., du Coran n’a jamais été véhiculé avant l’« ihitat », l’ère où nous sommes devenus ignorants. C’est lorsque nous sommes devenus ignorants que nous avons eu cette réaction et qu’aujourd’hui nous essayons de défendre cette idée dont, je répète, il n’y a pas un seul exemple qui passe le filtre de l’examen attentif. C’est très simple ! »[13]
Conclusion
En tant que musulman, je croyais qu’il y avait une douzaine d’exemples de miraculeuses connaissances scientifiques dans le Coran, mais quand j’ai commencé à les analyser attentivement, j’ai constaté que chacune d’elles succombait à au moins l’une de ces trois critiques : Premièrement, les versets s’efforçaient de dire des choses qu’ils n’affirmaient pas objectivement ; deuxièmement, le fait scientifique (tel que le développement embryonnaire par étape) était un fait déjà bien connu avant l’époque de Muhammad ; ou troisièmement, le fait scientifique (tel que le développement des muscles avant celui des os) était faux.
Il y a plusieurs exemples qui supportent la troisième critique, qui est vraiment le coup de grâce de cette thèse. Ces énoncés incorrects se retrouvent à la fois dans le Coran et dans le hadith. Par exemple, rien qu’en matière d’embryologie, le Coran est incorrect dans ce qu’il affirme sur la spermiogénèse, déclarant que le sperme est produit entre les lombes et les côtes de l’homme (Sourate 86:7). Nous savons tous aujourd’hui que le sperme se forme dans les testicules.
Dans le hadith, on trouve un cas très parlant : un homme demande à Muhammad de lui prouver qu’il est un prophète, en répondant correctement à des questions.[14] L’une des questions posées était la raison pour laquelle un enfant pouvait ressembler davantage à son père qu’à sa mère ou vice versa. Muhammad a répondu que Gabriel l’avait informé que la réponse à son interrogation était que le premier des deux parents à avoir une éjaculation pendant le rapport déterminait l’apparence de l’enfant. « Si le liquide émis par l’homme devance celui de la femme, l’enfant ressemblera au père ; si le liquide émis par la femme devance celui de l’homme, l’enfant ressemblera à la mère. »[15] Selon un autre récit, Muhammad aurait dit, « L’enfant ressemblera et aura le sexe de celui qui aura émis le plus de liquide. Si le liquide de l’homme est prépondérant l’enfant sera un garçon et lui ressemblera, par la permission d’Allah. Si le liquide de la femme est prépondérant, l’enfant sera une fille, par la permission d’Allah. »[16] Ceci répète simplement la thèse erronée d’Hippocrate, un autre médecin grec (370 avant J-C), qui avait écrit :
« … les partenaires contiennent de même le sperme masculin et femelle. Voici un point : si (a) le produit des deux partenaires est un sperme plus fort alors, un mâle est le résultat, tandis que si (b) ils produisent une forme faible, alors une femelle est le résultat. Mais si (c) un partenaire produit un genre de sperme, et l’autre un autre alors le sexe résultant est déterminé par celui qui règne par la quantité. En supposant que le sperme faible est beaucoup plus grand dans sa quantité que celui du sperme plus fort : alors le sperme plus fort est accablé et, étant mélangé au faible, a comme conséquence une femelle. Si au contraire le sperme fort est plus grand dans sa quantité que le faible, alors le faible est accablé, il a comme conséquence un masculin. »[17]
Nous ne devrions pas blâmer un homme du septième siècle de ne pas être familier avec la génétique mendélienne, mais dans le cas présent, Muhammad était en réalité en train d’essayer de prouver qu’il était un prophète de Dieu, au travers de connaissances scientifiques, ces dernières étant totalement incorrectes.
Il y a eu de nombreuses autres fois où Muhammad était dans l’erreur dans les faits scientifiques qu’il énonçait, et des exemples le prouvent aussi bien dans le Coran que dans le hadith. Par exemple, mis à part ce que l’on a déjà vu, le Coran dit que le soleil se couche dans une source boueuse à l’ouest (Sourate 18 :86)[18], il suppose que les étoiles sont pareilles que les météorites (Sourate 67:5).
Dans le hadith, mis à part ce que nous avons déjà vu, Muhammad nous apprend que les mouches transportent des maladies sur une aile et leur antidote sur l’autre[19], que le cumin soigne toutes les maladies à l’exception de la mort[20] , et que l’urine de chameau est le remède aux maux de ventre[21]. Ce ne sont là que quelques exemples des incohérences scientifiques de Muhammad.
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[1] Je partage une réflexion de la page Wikipédia de Mr Bucaille : « cette popularité des théories de Bucaille chez les Musulmans s’explique par le dilemme auxquels ils doivent faire face lorsqu’ils sont confrontés à la Bible : d’un côté, en effet, ils sont enjoints de se référer aux écritures qui ont précédé le Coran (Sourate 10:94, Sourate 5:46-47, Sourate 5:66-68) dont la Bible fait partie (Sourate 4:136) ; de l’autre, s’ils suivent l’enseignement de la Bible (notamment sur Jésus), alors ils doivent rejeter ce que leur dit le Coran, et ils cessent d’être musulmans. Dès lors, la seule solution possible à ce dilemme consiste à chercher à démontrer que la Bible a été « corrompue » par les Juifs et les Chrétiens, et qu’elle contient de ce fait de nombreuses « contre-vérités »… le fait que les Saintes Ecritures Juives et Chrétiennes diffèrent du Coran sur de nombreux points implique nécessairement – du point de vue des musulmans – que la Bible doit avoir été « corrompue » ».
[2] et le fait qu’il ait toujours laissé planer le doute quant au fait d’avoir ou non embrassé l’Islam n’a fait qu’ajouter à son aura mystique (les chercheurs sérieux doutent fort qu’il se soit converti).
[3] En réalité le commandant français Jacques Yves Cousteau est mort non-musulman, le 25 juin 1997 à l’âge de 87ans ; son corps passa par l’Eglise, et il fut enterré dans le cimetière chrétien de la commune française de Saint-André-De-Cubzaz, située dans le département de la Gironde .
[4] http://www.documentacatholicaomnia.eu/03d/-384_-322,_Aristoteles,_La_generation_des_animaux,_FR.pdf
[5] Corpus Medicorum Graecorum : Galeni de Semine (Galen : On Semen) (Texte grec avec traduction en anglais. Phillip de Lacy, Akademic Verlag, 1992) section I:9:1-10, pp. 92-95
[6] Nidhal Guessoum , Islam et Science, page 242
[7] B. Musallam (Cambridge, 1983) Sex and Society in Islam. p. 54
[8] La même idée est répétée dans la Sourate Al-Baqarah 2:259 qui dit, «… et regarde ces ossements, comment Nous les assemblons et revêtons de chaire. »
[9] http://oumma.com/Islam-et-science-moderne-les
[10] L’entretien peut être regardé ici (à partir de 4:31) : www.youtube.com/watch?v=CS13yF4lfE8 .
A voir aussi son intervention en arabe : www.youtube.com/watch?v=KXSQR9zS1Ns&t=186s
[11] Islam et Science : comment concilier le Coran et la science moderne, pages 223 – 268. Un article similaire par Nidhal est aussi disponible ici : http://oumma.com/I-jaz-Ilmiy-la-miraculosite,2948.
[12] Sourate 25:53. Aussi Sourate 55:19-22, « Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer. Il y a entre elles une barrière qu’elles ne dépassent pas. De ces deux (mers) sortent la perle et le corail. »
[13] L’échange peut être regardé ici : https://youtu.be/WA64c-l3lHQ
[14] Authentique : Sahih Al Boukhari (3329), (3938).
[15] Ibid. Ce hadîth a également été rapporté par Muslim, numéros 310 à 314 ; at-Tirmidhî, Abû Dâoûd, etc.
[16] Authentique : Muslim (315), Ahmed (1/274-2483)(1/278-2514), Tabary (1601)
[17] Hippocrate, pp. 320-321
[18] Cela est aussi vérifié dans le hadith. Sunan Abi Dawood 4002 : « Abi Dharr a rapporté : Je chevauchais derrière le Messager de Dieu tandis qu’il était sur un âne et le soleil était en train de se coucher. Il demanda : « sais-tu où il se couche ? » Je répondis : « Dieu et son Messager le savent mieux ». Il a dit : « il se couche dans une source d’eau chaude. »
[19] Sahih Al Boukhari (5782): « d’après Abû Hurayra (qdssl) que le Prophète (qpssl) a dit : « Quand une mouche tombe dans le bol de l’un d’entre vous, qu’il plonge l’insecte en entier dans le liquide et qu’il l’en retire ensuite, parce que l’une des deux ailes contient un remède et l’autre une maladie. » »
[20] Sahih Al Boukhari
[21] Sahih de Muslim (arabe uniquement : 3162 ; français : 961) ; Sahih Al-Boukhari 7:590. Pour plus de détails sur ce sujet, visitez le site : https://www.jesus-islam.fr/questions/muhammad-et-la-consommation-de-lurine-de-chameau/