Les musulmans défendent souvent l’idée de « l’ijaz ilmiy », théorie selon laquelle il y aurait des connaissances scientifiques dans le Coran. Cette thèse est généralement mise en avant pour soutenir la légitimité de la mission prophétique de Muhammad, mais les musulmans s’en servent également pour défendre l’origine divine du Coran. Alors qu’il transmettait le Coran, et qu’il répondait aux questions recensées dans le hadith, Muhammad aurait fait preuve d’une connaissance scientifique qu’il n’aurait pas pu avoir à son époque. D’où une nécessaire inspiration divine. Cela pouvait uniquement signifier que seul Dieu aurait donné à Muhammad cette sagesse surnaturelle, et, par conséquent, qu’il était un prophète envoyé de Dieu.

Parmi les Miracles Scientifiques du Coran les plus cités, figure aussi celui-ci où on lit :

« Et c’est Lui (Allah) qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et IL assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable. » (Sourate 25 :53)

Les musulmans disent que c’est seulement au 20ème siècle que cette connaissance scientifique du Coran a été découverte. Le commandant Cousteau, dit-on, a découvert dans la mer deux eaux qui ne se mélangent pas : l’une salée et l’autre potable. Et lorsqu’il a trouvé que ceci était cité dans le Coran, il embrassa l’Islam.[1]

Lors d’une intervention de Nidhal Guessoum (astrophysicien musulman de notoriété internationale) [2] à la Faculté des Sciences Islamiques de Paris, quelqu’un, un musulman, lui a posé la question suivante : « Vous n’acceptez pas l’idée de l’ijaz, mais lorsqu’on prend le verset comme, « Et c’est Lui qui donne libre cours aux deux mers : l’une douce, rafraîchissante, l’autre salée, amère. Et IL assigne entre les deux une zone intermédiaire et un barrage infranchissable. »[3], dit il y a 1400 ans, avec toute cette précision scientifique derrière, et les découvertes scientifiques récentes qui la confirment, on ne peut pas nier le miracle scientifique du Coran. »

Nidhal lui a répondu :

« Ce phénomène des mers décrit dans ce verset, vous ne le savez peut-être pas, mais il était déjà connu des marins et des pécheurs de toute la région. Depuis de millénaires, on savait que ces sources d’eau douce sortaient des côtes sous-marines au Yemen. Aujourd’hui, nous savons que cela était connu.
La définition de l’ijaz dit que le Coran contient des vérités scientifiques qui n’ont été découvertes que dernièrement, et que, il y a 1400 ans un homme en Arabie ne pouvait pas savoir. Cet exemple que vous citez est en contradiction flagrante avec cette définition de l’ijaz, parce qu’il suffit d’aller chercher un peu et voir à quel point ce phénomène était connu. Cette idée qu’il y a un miracle linguistique ou scientifique, etc., du Coran n’a jamais été véhiculé avant l’« ihitat », l’ère où nous sommes devenus ignorants. C’est lorsque nous sommes devenus ignorants que nous avons eu cette réaction et qu’aujourd’hui nous essayons de défendre cette idée dont, je répète, il n’y a pas un seul exemple qui passe le filtre de l’examen attentif. C’est très simple ! »

L’échange peut être regardé ici :

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[1] En réalité le commandant français Jacques Yves Cousteau est mort non-musulman, le 25 juin 1997 à l’âge de 87ans ; son corps passa par l’Eglise, et il fut enterré dans le cimetière chrétien de la commune française de Saint-André-De-Cubzaz, située dans le département de la Gironde .

[2] astrophysicien musulman de notoriété internationale. Nidhal Guessoum a travaillé durant plusieurs années à la NASA. Il est actuellement professeur et directeur adjoint du département des sciences à l’université américaine de Sharjah (Emirats arabes unis). Il est régulièrement invité dans les colloques internationaux, aussi bien dans le monde musulman que non-musulman.

[3] Sourate 25:53. Aussi Sourate 55:19-22, « Il a donné libre cours aux deux mers pour se rencontrer. Il y a entre elles une barrière qu’elles ne dépassent pas. De ces deux (mers) sortent la perle et le corail. »