L’une des croyances profondes des musulmans pieux est que l’excellence du Coran est inégalée, qu’il est inimitable dans sa qualité littéraire. Ceci est intrinsèquement vrai, dit-on, non seulement parce qu’il est une expression d’Allah, la parole de Dieu sur la terre, mais aussi parce que le Coran l’affirme. Lorsqu’on demanda à Muhammad de prouver que le Coran était inspiré de Dieu, il fit cette réponse : « Ce Coran ne pouvait être produit par personne d’autre qu’Allah … Est-ce qu’ils déclarent : C’est lui [Muhammad] qui l’a inventé ? Réponds-leur : Composez donc un chapitre semblable » (Coran 10.38-39).

Ainsi, le Coran met au défi les sceptiques de s’essayer à fabriquer quelque chose d’égal ou de meilleur. Il affirme que personne, autre que Dieu, ne pourrait composer un texte d’une telle excellence. Ils ne pourront jamais le faire, même avec l’aide de l’humanité entière et de tous les démons de l’enfer : « Si l’humanité et les djinns se réunissaient pour inventer quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne le pourraient pas » (Coran 17.88). Ce même défi de base est répété à maintes reprises dans le Coran.[1]

Selon les Musulmans, ce défi a été lancé aux Arabes sceptiques qui étaient experts en poésie. Ils n’ont jamais pu produire quoi que ce soit d’aussi excellent et d’aussi convaincant que le Coran. Le défi demeure donc à ce jour.

RÉPONSE : EN QUOI CELA EST-IL MIRACULEUX ?

Un constat flagrant est que la manière dont le Coran défend sa propre inspiration – le défi de produire une révélation similaire – est quelque chose de pratiquement impossible à évaluer.

Je me souviens très bien de la réponse d’un ami chrétien quand je lui ai parlé du défi du Coran : « J’ai vu des écrits plus excellents que le Coran, » a-t-il répondu nonchalamment, « avez-vous déjà lu le Psaume 23 ou 1 corinthiens 13 ? »

Psaume 23 

L’Eternel est mon berger : je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
A cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires ;
Tu oins d’huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel pour l’éternité.

1 Corinthiens 13

Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même on corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien.

L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est point envieux ; l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout.

Choqué par son insolente affirmation, je lui ai rétorqué que le Psaume 23 et 1 Corinthiens 13 n’étaient pas du tout du même calibre que le Coran, mais il s’est contenté de dire qu’il n’était pas d’accord avec moi, et que le Psaume 23 était l’un des textes les plus puissants jamais écrit, en tout cas plus émouvant que tout ce qu’il avait jamais lu dans le Coran.

Je pris alors un peu de recul pour réévaluer le test. Quelle y est la nature réelle du questionnement ? Je commençai à penser que ce devait être l’arabe du Coran qui était inimitable, et non la traduction ou les interprétations non-arabe. Mais cela signifiait-il que le test se limiterait aux arabophones ?

Cela ne pouvait pas non plus être le cas. Les gens qui avaient entrepris de répondre au défi du Coran avaient déjà composé, en arabe, un livre d’enseignements chrétiens appelé Furqan al-Haqq, « Le vrai discernement ». Ils y avaient inclus de nombreux enseignements relatifs aux Psaumes, en les écrivant dans le style du Coran. Les résultats obtenus furent si convaincants qu’ils lurent le texte à haute voix, en le psalmodiant à la manière coranique, dans les villes arabo-musulmanes. Un grand nombre de ceux qui passaient par là entendirent cette lecture et, croyant qu’il s’agissait du Coran, en remercièrent ceux qui lisaient. De toute évidence, le test n’a pas fonctionné pour les arabophones, ni même pour les arabo-musulmans.

En cherchant sur le WEB, j’ai trouvé des apologistes musulmans arguant que les Arabes, qui s’étaient mépris sur le Furqan al-Haqq, étaient probablement sans instruction, de sorte qu’ils n’avaient pas saisi la beauté sublime du Coran. Un expert en langue arabe trouverait le texte du Coran inimitable.

C’est alors que je découvris l’évaluation d’un érudit, Gerd Puin, expert dans l’orthographe de l’arabe coranique. Puin a soutenu qu’« environ une phrase sur cinq n’a tout simplement pas de sens. »[2] Afin de défendre à l’avance son affirmation, Puin ajoute : « Beaucoup de Musulmans et d’orientalistes tiendront un discours différent, bien sûr, mais le fait est qu’un cinquième du texte coranique est tout simplement incompréhensible. »[3] À cela, les apologistes musulmans répondirent que Gerd Puin n’était pas arabophone ; il fallait que le Coran soit évalué par un expert en langue arabe, qui soit lui-même arabe et dont la langue maternelle soit l’arabe.

Chaque fois, il semblait que le test était redéfini afin d’échapper à un examen minutieux, ce qui nous amène à poser la question suivante : En quoi ce défi est-il pertinent pour nous ? S’il n’a de valeur que pour les arabophones, il ne peut aucunement servir de preuve pour la grande majorité de nos contemporains ; si les gens doivent être experts en arabe classique, alors le test n’est pertinent que pour un nombre infime de personnes dans l’histoire de l’humanité.

Bien entendu, la nature subjective du test et sa nature complètement illogique excluent tout ce qui lui est extérieur : qui peut dire si une composition littéraire est plus excellente qu’une autre ? Par quel critère ? Ce n’est certainement pas le Coran qui a fixé les paramètres utilisés par les apologistes. Et même si l’on avait constaté que le Coran soit le plus excellent écrit que l’humanité ait jamais vu, cela ne signifie pas qu’il soit inspiré. Stradivarius (1644-1737) est réputé pour avoir fait les violons les plus parfaits, acoustiquement, que le monde ait jamais entendus ; même avec notre technologie moderne, nous n’avons même pas été en mesure d’en reproduire d’aussi parfaits. S’il avait prétendu que ses violons avaient été faits par Dieu, offrant comme preuve leur qualité incomparable, nous aurions pensé que c’était un fou ou un menteur. De quelle manière un produit excellent prouve-t-il son origine divine ?

Voilà pourquoi l’excellence littéraire du Coran doit être considérée comme un test inadapté – il n’est aucunement convaincant pour les non-musulmans. C’est un test incapable de convaincre un enquêteur objectif.

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[1] Coran 2:23; 10:37-38 ; 11:13 ; 17:88 ; 52:33-34

[2] Cité par Toby Lester dans son livre, « What is the Koran ? », Atlantic, January, 1999, http://www.theatlantic.com/magazine/archive/1999/01/what-is-the-koran/304024/

[3] Ibid.