Pour les théologiens musulmans, le Coran constitue un miracle à cause de ses prophéties sur l’avenir, qui passent pour absolument fiables. Cette connaissance précise des évènements de l’avenir, dit-on, ne peut être expliqués que par une révélation surnaturelle.
L’une des prophéties les plus évidentes se trouve dans la sourate 30, le chapitre sur les Romains. Le Coran y mentionne une récente défaite de l’Empire romain, et prédit leur victoire quelques années plus tard (Sourate 30 versets 2-4). Et c’est ce qu’il s’est passé. Les Perses ont vaincu les Romains en 614, mais l’empereur Héraclius a finalement vaincu les Perses en 622.
D’autres prophéties, dont la prédiction a eu lieu à plus long terme, se sont également accomplies, disent les théologiens musulmans. Par exemple, le Coran dit « (…) leurs peaux témoigneront contre eux pour dénoncer leurs agissements » (Sourate 41 verset 20). En lisant ces versets, on peut se demander comment la peau peut témoigner contre un homme. Muhammad ne connaissait pourtant pas les techniques d’analyse des empreintes digitales, il ne savait pas que notre peau pouvait témoigner contre nous-mêmes. Ce verset est donc une prophétie qui s’est réalisée dans les temps modernes.
Plusieurs autres prophéties comme les deux ci-dessus, accomplies à la fois dans les temps anciens et les temps modernes, confirment que le Coran est la Parole de Dieu.
LA REPONSE : ELLES NE SONT PAS DE VERITABLES PROPHETIES
S’il est possible de prouver que le Coran contient des prophéties véritables qui ont été accomplies, nous avons alors une bonne raison de croire que le Coran est inspiré de Dieu. Cependant, lorsque nous étudions attentivement les prophéties du Coran, nous pouvons conclure qu’il n’y a presque rien à analyser.
Regardons par exemple la déclaration selon laquelle la sourate 41 verset 20 est une prophétie sur les empreintes digitales. Dans le contexte intégral du verset, il est écrit : « Et le jour où les ennemis d’Allah seront rassemblés en masse vers le Feu… Puis on les poussera [dans sa direction]. Alors, quand ils y seront, leur ouïe, leurs yeux et leurs peaux témoigneront contre eux de ce qu’ils œuvraient. Ils diront à leurs peaux : « Pourquoi avez-vous témoigné contre nous ? » Elles diront : « C’est Allah qui nous a fait parler, Lui qui fait parler toute chose. » (41.19-21)
En étudiant le contexte, nous voyons que le Coran, dans ce passage, parle en fait du jour du jugement, que la peau parlera avec une voix, ainsi que les yeux et les oreilles. Ce n’est pas du tout une prophétie d’un évènement qui aura lieu sur terre, mais une description apocalyptique du jugement. C’est seulement lorsqu’on extrait ce verset hors de son contexte et qu’on y force une signification artificielle, qu’il semble être prophétie pour notre époque !!
Evidemment, nous pouvons faire cela avec n’importe quel texte si on le souhaite vraiment, et cela est facile avec les textes traitant de l’apocalypse, comme celui-ci. Par exemple, si j’ouvre la Bible, pointe au hasard une section du livre de l’Apocalypse et tombe sur le chapitre 11 verset 8 qui dit « Leurs cadavres seront laissés sur la place de la grande ville appelée symboliquement Sodome et Egypte », je peux affirmer que c’est une miraculeuse prophétie du Printemps arabe, décrivant les conséquences des manifestations place Tahrir en janvier 2011 qui ont fait plus de 800 morts. De plus, la ville du Caire, où se situe la place Tahrir, désigne souvent l’Egypte dans la langue arabe (Misr). Nous avons donc 800 morts place Tahrir et une place publique dans la grande ville appelée symboliquement Egypte : Apocalypse 11:8 prophétise l’évènement avec une extrême précision presque 2 000 ans à l’avance !
Bien entendu, ce n’est pas ce que le texte prophétise. J’ai simplement tout inventé hâtivement, mais je peux le rendre très convaincant si je le voulais, particulièrement si je prends le verset hors contexte. C’est exactement ce que nous voyons dans la grande majorité des prétendues prophéties du Coran. Il n’y a aucune raison de penser que le Coran fait ces prétendues prophéties. Cela ne signifie pas qu’il ne pourrait pas y avoir des significations prophétiques cachées dans le Coran. Mais pour qu’une prophétie puisse convaincre un enquêteur objectif, elle doit remplir un minimum de critères de validation qui prouve qu’il s’agit bien d’une prophétie, et non pas d’un simple texte pouvant être transformé en prophétie.
Par exemple, le passage qui parle de la victoire des Romains dans le chapitre 30 versets 2-4, peut paraître être une prophétie, c’est l’exemple le plus clair d’une prophétie dans le Coran, donc il vaut la peine de l’examiner plus attentivement. Si on l’accepte comme une prophétie accomplie, deux problèmes mineurs et deux problèmes majeurs se posent. En bref, le premier problème mineur tient dans la nature même de la prophétie : ce n’est pas vraiment une prophétie. Vu la nature du conflit perso-byzantin à cette époque, la victoire de Byzance était assez prévisible. C’est comme dire « le Paris Saint-Germain vient de perdre contre le FC Sochaux, mais le PSG sera champion de France ».
L’autre problème mineur tient dans le nombre d’années qu’il aurait fallu à Byzance (Empire romain) pour être victorieuse. Le verset du Coran utilise un terme laissant entendre qu’il faudrait dix années ou moins. En réalité, il a fallu dix-sept ans aux Romains pour vaincre définitivement les Perses.
Considérer ce passage comme une prophétie accomplie pose deux autres problèmes importants. En premier lieu, les versets du Coran ont été régulièrement abrogés[1]. Nous savons que la victoire de Byzance a eu lieu à l’époque de Muhammad ; si cette victoire n’avait pas eu lieu, le texte aurait pu être facilement retiré ou abrogée. Deuxièmement, dans le même ordre d’idée, la compilation du Coran ne s’est faite que plus tard. Si cette prophétie n’avait pas été réalisée, elle aurait pu être retirée de la version finale du Coran, comme d’autres versets l’ont été.
Ainsi, cet exemple de prophétie, considéré comme le meilleur dans le Coran, n’est pas convaincant. C’est essentiellement une prédiction aléatoire, 50% / 50%, qui aurait pu être facilement retirée ou abrogée. Et si nous analysons le texte de manière littérale et précise, il apparait qu’elle ne s’est de toute façon pas accomplie, car les Byzantins n’ont vaincu les Perses qu’après que la période indiquée dans la « prophétise » se soit écoulée.
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[1] Bien que le Coran ait été élaboré, nous dit-on, par inspiration verbale, sans participation de la personne de Muhammad, la théologie musulmane n’a pas contesté qu’après leur révélation initiale certains versets du Coran ont été abrogés, modifiés par la suite, parce que leur valeur était limitée dans le temps ou qu’il s’agissait même d’une révélation insinuée par Satan. Trois raisons indiquées par le Coran pour l’abrogation ultérieure de son texte : 1) Muhammad avait oublié une partie, 2) Satan a soufflé à Muhammad une révélation illégitime et 3) Dieu lui-même a échangé certains passages contre des révélations meilleures.