Nabeel Qureshi : courage, engagement et témoignage empreint de compassion

Nabeel Qureshi : courage, engagement et témoignage empreint de compassion

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris la nouvelle : Nabeel Qureshi, un apologète chrétien d’arrière-plan musulman, est décédé le samedi 16 septembre 2017 après une lutte d’un an contre un cancer de l’estomac. Il n’avait que de trente-quatre ans. Pakistanais d’origine, il naît et grandit aux États-Unis, au sein d’une famille musulmane ahmadie très pieuse. À l’âge de cinq ans, il avait déjà lu le Coran dans son intégralité et pouvait réciter plusieurs versets de mémoire.

À la suite de nombreuses discussions avec un camarade chrétien de l’université, David Wood, et après avoir passé beaucoup de temps à comparer la Bible au Coran, Nabeel finit par donner sa vie à Christ. Nabeel possédait un doctorat en médecine ainsi qu’en théologie et en philosophie, des titres qui lui ont valu un grand respect. Grâce à son travail auprès de Ravi Zacharias Ministries, il est devenu un évangéliste à la renommée mondiale et a écrit trois livres, dont son best-seller À la recherche d’Allah, j’ai trouvé Jésus, où il raconte son témoignage. Il a également participé à de nombreux débats. Il a œuvré non seulement pour partager l’Évangile avec les musulmans, mais aussi pour aider les chrétiens à mieux comprendre et aimer leur prochain musulman. Nabeel était un brillant érudit et apologète. Si vous souhaitez le voir à l’œuvre, vous pouvez visionner (en anglais) son débat avec Bassam Zawadi au sujet de l’altération du Coran et son débat avec Shabir Ally à propos de la nature de Dieu.

La conversion de Nabeel

Voilà comment David Wood, qui a amené Nabeel au Seigneur, décrit comment leurs discussions à propos de la foi ont commencé. C’était la période autour des attentats du 11 septembre. Lors d’un voyage scolaire avec leur groupe universitaire de discussions et débats, ils se retrouvèrent à partager la même chambre d’hôtel. Un soir, David était en train de lire sa Bible dans son lit alors que Nabeel rangeait son tapis de prière. David sentait que Nabeel le regardait. Il pria : « Seigneur, je n’ai pas envie de lancer le débat avec lui, les gens vont m’accuser d’être un sectaire ou quelque chose de ce genre. Seigneur, si tu veux que nous ayons un débat à propos du christianisme et de l’islam, peux-tu permettre que ce soit lui qui commence ? » Quelques minutes plus tard, Nabeel lui demanda : « Alors comme ça, tu es un chrétien pur et dur ? » « Oui », répondit David. Ils passèrent toute la nuit à discuter. Nabeel dit à David que tout dans l’islam avait été prouvé par la science, l’histoire, la logique et la miraculeuse éloquence du Coran, et que Muhammad était l’homme le plus grand qui ait jamais existé.

À la fin de la discussion, David lui posa une question simple : « Nabeel, si tu avais tort, aimerais-tu connaître la vérité ? » Une question importante ! Trop nombreux sont ceux qui préfèrent continuer à croire ce qu’ils ont toujours cru. Nabeel répondit : « Oui et non. Oui, je veux connaître la vérité à propos de Dieu, mais non, parce que cela détruirait ma famille. » « Cela m’a donné un aperçu de ce que Nabeel avait au fond de son cœur », explique David. « Il avait cette double allégeance : d’une part, il voulait connaître la vérité et suivre le chemin qu’elle lui indiquerait ; mais il avait également un amour profond pour ces parents et sa famille et ne supportait pas l’idée de les blesser. »

Au cours des années qui suivirent, ils évoquèrent les fondements du christianisme, la divinité de Christ, la trinité, la mort de Jésus et sa résurrection, la fiabilité de la Bible ; ils examinèrent ensuite la vie de Muhammad, les revendications à propos du Coran et l’histoire de l’islam. Il ne s’agissait pas de conversations anodines. Ils lisaient tous deux des livres, prenaient des notes et se retrouvaient pour en débattre. Ils regardaient des débats et en discutaient. David pouvait voir que la question initiale de Nabeel, celle de savoir quel impact sa conversion aurait sur sa famille, agitait de plus en plus son cœur. Mais il continuait à avancer.

Petit à petit, l’attitude de Nabeel se mit à changer. Il ne revendiquait plus que « la véracité de l’islam est prouvée », mais se mit à dire que « nous sommes des êtres humains, notre intelligence est faillible. Si je reste musulman et que je me trompe, je ne pense pas que Dieu m’en tiendra compte, ces choses nous dépassent complètement de toute façon. » David ne pouvait que prier : « Seigneur, montre-lui la vérité. » La prière de Nabeel était similaire : « Dieu, je vois qu’il y a de bons arguments en faveur du christianisme. Montre-moi la vérité. » Il commença à avoir des rêves qui l’appelaient à se convertir au christianisme. Il finit par donner sa vie au Seigneur Jésus Christ et se fit baptiser. Pendant quelques temps, ses relations avec sa famille furent difficiles.

Nabeel résume ainsi son parcours :

« J’ai quitté l’islam parce que j’ai étudié la vie de Muhammad. J’ai accepté l’Évangile parce que j’ai étudié la vie de Jésus. »

Diagnostic de cancer

Ravi Zacharias, dans son hommage à Nabeel, nous partage comment il remarqua, au cours d’un repas il y a un peu plus d’un an, que Nabeel ne mangeait pratiquement rien. Il lui demanda : « Nabeel, tu n’as pas faim ? », ce à quoi il répondit : « Oncle Ravi, j’ai des sensations étranges au niveau de l’estomac. » Lorsque Ravi apprit que cela faisait déjà plusieurs semaines, il le pressa d’aller consulter un médecin, ce qu’il fit.

En août 2016, il publia le post suivant sur sa page Facebook officielle :

Chers amis, chère famille,

Ceci est une annonce que je n’aurais jamais pensé faire, mais Dieu, dans sa souveraine et infinie sagesse, m’a choisi pour cette épreuve, et je prie qu’il soit glorifié au travers de mon corps comme de mon esprit. Ma famille et moi avons été informés que je me trouve à un stade avancé du cancer de l’estomac. Les médecins sont très pessimistes.

S’ensuivirent plusieurs mois de traitement acharné, incluant l’ablation de son estomac. Il ne cessait de prier pour un miracle. Les vidéos qu’il posta tout au long de sa lutte contre le cancer montrent clairement qu’il puisait son réconfort dans sa foi. Il écrivit :

Ces derniers jours, alors que je cherche la volonté du Seigneur et que j’envisage mon avenir, mon moral a connu des hauts et des bas, mais voilà ce dont je n’ai jamais douté : Jésus est Seigneur, son sang a payé ma rançon et par ses blessures, je suis guéri. J’ai la foi profonde que mon âme est sauvée par la grâce et la miséricorde du Dieu trinitaire, et non pas par un quelconque mérite personnel. Je suis tellement reconnaissant d’être un enfant du Père, racheté par le Fils, et scellé par le Saint-Esprit. Non, même au milieu de la tempête, je n’ai pas à m’inquiéter de mon salut, et pour cela, je te loue, mon Dieu.

Quelle utilité la mort de Nabeel pouvait-elle bien avoir pour Dieu ?

Avec la mort de cet homme, l’Église contemporaine a perdu une voix forte. Dans les cercles d’apologètes, sa disparition est vivement ressentie. La fameuse question du pourquoi surgit à nouveau : Pourquoi Nabeel n’a-t-il pas été guéri ? Pourquoi sa vie si prometteuse a-t-elle été écourtée ? Ce sont des questions auxquelles nous devons tous faire face à un moment de notre vie, et il n’y a pas de réponses simples.

En considérant le décès de Nabeel, je vois à quel point j’ai besoin de grandir dans ma propre foi, parce qu’à mes yeux, c’est un tel gâchis. Limité par ma condition d’homme pécheur, je ne vois que ce qui, selon moi, aurait pu être. Nabeel aurait pu être guéri miraculeusement ; sa guérison aurait pu conduire de nombreux musulmans à l’émerveillement et à la conversion ; il aurait pu avoir un ministère et une histoire encore plus marquants ; il aurait pu continuer à écrire, parler, toucher des vies. Ma faiblesse me conduit à me demander pourquoi ces choses ne se sont pas produites, pourquoi sa destinée était de mourir si jeune et comment quelque chose de bon pourrait en ressortir pour les personnes impliquées. Nous nous croyons plus sages que Dieu.

Comme nous tous, Nabeel vivait dans un monde qui croule sous le poids du mal et de la souffrance. Nous ne savons pas pourquoi Dieu ne l’a pas guéri. Nous sommes finis, Dieu est infini. La bonne nouvelle, c’est que la nature de Dieu et sa puissance nous certifient qu’il utilise le mal pour en faire ressortir le bien pour « ceux qui [l’]aiment, […] ceux qui sont appelés selon son dessein » (Romains 8:28). Nous ne savons pas pourquoi il n’a pas restauré Nabeel ici-bas, mais nous espérons en un Dieu qui, à travers Jésus-Christ, le restaurera un jour avec toute la création. Nabeel, qui n’a plus désormais à lutter contre le cancer, recevra une nouvelle vie avec ceux qui trouvent leur vie en Christ. « Car Christ est ma vie, et la mort m’est un gain. » (Philippiens 1:21)

Nous pleurons la mort de Nabeel. Mais, comme nous le rappelle Paul, si nous sommes affligés, ce n’est « pas comme les autres qui n’ont point d’espérance » (1 Thessaloniciens 4:13). Bien que nous n’ayons pas toutes les réponses, nous avons cette espérance.

Pourquoi alors Dieu n’a-t-il pas guéri Nabeel ?

Est-ce parce que le Dieu des musulmans est le vrai Dieu et qu’il a puni Nabeel pour l’avoir quitté ? Nabeel nous a partagé qu’il priait pour être guéri de peur que les musulmans interprètent sa mort comme le jugement d’Allah pour sa conversion au christianisme. Sans doute certains chercheront-ils à exploiter sa disparition à cette fin. Il faut alors poser la question suivante aux musulmans qui suggèrent cela : « Pourquoi votre Dieu a-t-il attendu que Nabeel écrive trois best-sellers, tourne des centaines d’heures de vidéos et aide des centaines de musulmans à venir à Jésus ? S’est-il trompé de timing ? » De plus, l’œuvre de Nabeel continuera à mener des personnes à Christ, probablement même encore plus rapidement que lorsqu’il était encore en vie. J’espère que de nombreux musulmans remarqueront plutôt l’incroyable fidélité de cet homme qui a résisté jusqu’à la mort à la pression qui pesait sur lui, lui enjoignant de renoncer à Christ et de retourner à l’islam. Les musulmans sincères doivent se demander quel changement radical dans la vie d’une personne pourrait bien mener à une foi et un engagement aussi indéfectibles.

Est-ce parce que Nabeel n’avait pas assez de « foi » ? Ceux qui soutiennent une telle absurdité ne connaissaient ni Nabeel, ni la théologie véritable. La foi que Nabeel avait placée en Christ était profonde et inébranlable. Croire ne garantit pas une bonne santé ou la richesse, comme l’affirment certains prédicateurs du mouvement Word of Faith (évangile de prospérité). Nabeel n’a jamais faibli, il est resté fidèle jusqu’au bout. Comme Job, il a dit : « Quand même il me tuerait, je ne cesserais d’espérer en lui. »

L’héritage de Nabeel

Ravi Zacharias affirme à propos de Nabeel :

Il était profondément évangélique. Il chérissait dans son cœur l’Évangile de Jésus Christ tel qu’il est révélé dans l’Ancien et le Nouveau Testament et relayait le message du salut. La grâce de Jésus pour le cœur transformé était au centre de son message.

[…]

Nabeel Qureshi n’était pas simplement évangélique ; c’était un évangéliste passionné. Il désirait que la bonne nouvelle de Dieu qui offre son pardon soit entendue dans le monde entier.

Les débats apologétiques, surtout s’ils sont menés avec un opposant islamique, peuvent être envenimés et agressifs. Nabeel a cependant choisi la manière douce, visant le cœur, voyant les autres non pas comme des adversaires à vaincre mais comme des personnes à aimer. C’est le message qui est au cœur de sa toute dernière vidéo, tournée depuis son lit d’hôpital, intitulée Love and Peace are our Motivation (« L’amour et la paix sont notre motivation »). Sachant que la fin était proche, il espérait que l’on se souviendrait de sa vie non pas comme d’un brillant parcours intellectuel mais comme d’une existence marquée par l’amour et la compassion qu’il tentait de personnifier.

« Vous savez, je pense qu’il est essentiel de parler des sujets qui ont trait à la vérité. Mais au final, il faut que l’amour et la paix sous-tendent tout cela. Lorsque nous parlons aux gens de nos croyances, nous devrions utiliser le filtre de l’amour et avoir pour objectif de rassembler les hommes.

[…]

Mon enseignement a pour but de faire régner l’amour. C’est pourquoi j’espère qu’en considérant mon ministère, vous y trouverez un héritage d’amour, de paix, de vérité, d’attention aux autres. C’est là mon objectif et mon espoir ultime. »

Notre espoir

Bien que son cancer ait coûté la vie à Nabeel, le message de l’amour de Christ perdure. Nous sommes tous atteints d’un cancer appelé « péché ». Nous n’aimons pas le diagnostic, mais il est mortel. La maladie qui tue le corps est bénigne. Celle qui tue l’âme est éternelle. Le message porté par Nabeel était vrai. Dieu a envoyé son Fils pour guérir notre mal, le péché. Cette maladie nous tuera, à moins que nous prêtions attention au message de Christ.

Dans sa sagesse infinie, Dieu a choisi de rappeler Nabeel à lui tôt. Ce n’est pas la première fois que de jeunes hommes pieux ont dû quitter ce monde à l’apogée de leur vie. Nous pensons à Jim Elliot et ses amis, ces célèbres missionnaires massacrés à l’âge de seulement 29 ans par le peuple auquel ils désiraient annoncer l’Évangile. Cela nous rappelle que notre utilité pour le royaume de Dieu n’est pas la garantie d’une longue vie. Nous devons racheter le temps qui nous a été donné et nous assurer que nous n’en gaspillons rien.

Nabeel est désormais auprès du Seigneur, mais sa femme Michele et sa petite fille Ayah demeurent parmi nous. Conformément à la requête de Nabeel dans l’une de ses dernières vidéos, nous vous enjoignons de prier pour elles, ainsi que pour ses chers parents.

Que Dieu te bénisse, frère. On se revoit là-haut.

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