Voyons comment des érudits musulmans expliquent les versets cités plus haut :

Souleimane Ali Mourad est Docteur et professeur de l’histoire islamique et religions comparées, Université Smith College, USA. Dans son intervention dans le documentaire fait par la chaîne Arte, « JÉSUS ET L’ISLAM » Épisode 1 : La crucifixion selon le Coran, Souleimane conclut : « Le Coran admet que Jésus est mort dans ce monde. Mais il s’inscrit en faux contre ceux qui disent, “Jésus est mort et Dieu a subi une défaite”. Ce que j’essaie de démontrer c’est que le Coran s’oppose à cette croyance. Oui, Jésus est mort, mais il est ressuscité (il est vivant) ; donc on ne peut pas dire qu’il est mort ».

L’Imam ar-Râzî (mort en 1209)

Fakhroddîn ar-Râzî fut un des célèbres théologiens musulmans de rite chaféite. Appartenant à l’école de l’Islam sunnite, il enseigna la théologie musulmane et la philosophie, et écrivit un grand nombre d’ouvrages dont Le Grand Commentaire du Coran (Tafsir, aussi connu sous le titre Les Clés de l’invisible).

Concernant l’expression « cela leur est apparu ainsi » dans la Sourate 4:157, ar-Râzî commente dans son livre Exégèse d’Ar-Razi [Tafsir], 3e partie, page 350 :

« S’il est autorisé de dire que Dieu tout-puissant a donné à quelqu’un d’autre la ressemblance d’une personne, ceci est la porte ouverte à la confusion et à l’incertitude. C’est comme si voyant Zaïd (une certaine personne), il pourrait ne pas s’agir de Zaïd, la ressemblance de Zaïd pouvant concerner quelqu’un d’autre !!! Si un homme épouse Fatima, il ne peut pas se marier avec Fatima, étant donné que la ressemblance de Fatima pourrait être mise sur Khadija, par conséquent il épouserait Khadija, en pensant qu’elle est Fatima. »

L’Imam Al-Razi conclut en disant :

« S’il est permis de mettre la ressemblance d’une personne sur une autre personne, alors ni le mariage, ni le divorce, ni la possession ne seraient certains. Tout serait douteux. »

بخصوص تعبير « شبه لهم »  يقول الإمام الرازي في كتابه (تفسير الرازى جزء3 ص 350):

« إن جاز أن يقال إن الله تعالى يلقى شبه إنسان على آخر فهذا يفتح باب السفسطة. فلربما إذا رأينا (زيداً) فلعله ليس (بزيد) ولكن ألقى شبه « زيد » علي شخص آخر!! وإذا تزوج رجل (فاطمة)، فلعله لم يتزوج (فاطمة) ولكن ألقي على (خديجة) شبه (فاطمة) فيتزوج خديجة وهو يظن أنها فاطمة ».

          وخلص الإمام الرازي إلى حقيقة خطيرة فقال:

 « لو جاز إلقاء شبه أحد على شخص آخر فعندئذ لا يبقى الزواج ولا الطلاق ولا التملك موثوقاً به ».

Ainsi l’Imam Al-Razi rejette le fait que l’expression : « cela leur est apparu ainsi » veuille dire qu’un homme rendu par Dieu sosie de Jésus ait été crucifié à sa place.

De plus, commentant la Sourate Al-Imran 3:55, l’Imam Al-Razi s’est ainsi exprimé : « Ibn Abbas et Mohammed Ibn Ishak ont dit : la signification de “Tu m’as rappelé” est “Je t’ai laissé mourir” ».

Al-Razi a aussi dit : « Wahb a dit : “le Christ est mort pendant trois heures” » et d’ajouter : « Ibn Ishak a dit : “il [Jésus] est mort pendant sept heures”. »

Al-Syouty

Al-Syouty, autre érudit musulman a expliqué que la Sourate 3:55 se réfère à la mort de Jésus, et une vraie mort. Il a écrit dans son livre Al-Itqan (la Perfection) Volume 1, page 116 : « T’élever vers moi [mutawaffeeka] veut dire causer ta mort. »

Ibn Kathir

Ibn Kathîr (1301-1373) est un juriste shâfi’ite, traditionaliste arabe musulman et historien. Il était un des élèves du théologien Ibn Taymiyya, haute figure de la doctrine du salaf. Le commentaire coranique (Tafsir) d’Ibn Kathir, qui repose fortement sur la tradition, est considéré par les musulmans comme une des œuvres les plus importantes dans le genre.

Ibn Kathir écrit dans son exégèse sur le Coran (tafsir al Qur’an) qu’il y a deux points de vue différents sur la Sourate 3:55 parmi les érudits musulmans ; l’un d’eux affirme que Jésus est mort de mort physique.

Ibn Kathir dit : « rapporté par Ali ibn Abi Talha d’après Ibn Abbas : le sens de “t’élever à moi” [mutawaffeeka] c’est causer ta mort. »

Il a aussi dit : « rapporté par Mohammad ibn Ishak d’après Wahb : “Allah l’a laissé mourir pendant trois heures puis l’a ressuscité des morts” ».

Il a encore dit : « rapporté par Ibn Ishak : les chrétiens affirment que Dieu l’a laissé mourir pendant sept heures puis l’a ressuscité des morts ».

Il a aussi dit : « par Ishak ibn Bashr d’après Idriss, rapporté par Wahb : Allah l’a laissé mourir pendant trois jours puis l’a ressuscité des morts ».

تفسيبر ابن كثيرللآية (آل عمران 55):

« إِذْ قَالَ اللَّهُ يَا عِيسَى إِنِّي مُتَوَفِّيكَ وَرَافِعُكَ إِلَيَّ وَمُطَهِّرُك.« 

اختلف المفسرون في قوله: ( إِنِّي مُتَوَفِّيكَ وَرَافِعُكَ إِلَيَّ ) فقال قتادة وغيره: هذا من المقدم والمؤخر، تقديره: إني رافعك إلي ومتوفيك، يعني بعد ذلك.

وقال علي بن أبي طلحة عن ابن عباس: ( إِنِّي مُتَوَفِّيكَ ) أي: مميتك.

وقال محمد بن إسحاق، عمن لا يتهم، عن وَهْب بن مُنَبِّه، قال: توفاه الله ثلاث ساعات من النهار حين رفعه الله إليه.

قال ابن إسحاق: والنصارى يزعمون أن الله توفاه سبع ساعات ثم أحياه.

وقال إسحاق بن بشر عن إدريس، عن وهب: أماته الله ثلاثة أيام، ثم رفعه.

Bien que l’Arabe soit ma langue maternelle et bien que j’aie lu le Coran à plusieurs reprises, je ne prétends pas être un expert dans l’interprétation du Coran. Il n’empêche que j’ai cherché à démontrer que ce ne sont pas tous les érudits musulmans qui nient la mort de Jésus. Le Coran nous donne peu d’information sur ce qui s’est vraiment passé. Les versets commentés ci-dessus suscitent bon nombre de questions. Ainsi, il existe donc une très grande diversité au sujet de ce que disent les érudits musulmans sur la mort de Christ. Certains la nient, expliquant qu’il s’agit d’un sommeil ou d’un coma. D’autres l’acceptent, mais divergent sur la durée de sa mort : trois heures, sept heures, trois jours. Pour celui donc qui est en recherche, il importe d’avoir l’esprit ouvert et d’aller à d’autres sources en plus du Coran ou de ses commentaires qui restent très sobres sur le sujet ; c’est ce que je me suis attaché à faire dans cet ouvrage.