C’est une attitude répandue parmi les musulmans convaincus que de croire qu’ils pèchent contre Dieu du simple fait de toucher une Bible. On leur a enseigné, en effet, que les Ecrits sacrés des chrétiens ont été falsifiés, contrefaits, et que les Bibles actuelles doivent être pour eux un sujet d’horreur. Voici, à titre d’exemple, ce que leur conseille un manuel d’instruction :

« Les livres antérieurs divinement révélés ont souffert un grand nombre de distorsions, d’ajouts et d’extractions, tel qu’Allah en a parlé dans le Coran. Ainsi donc, il n’est permis aux musulmans ni de les lire ni d’y jeter le moindre regard ; à moins que la personne soit bien instruite et n’ait pour mobile que de pointer du doigt là où ces distorsions et contradictions apparaissent. »      (Answers to Common Questions from New Muslims, collectées par Abu Anas Ali ibn Husain Abu Lauz, traduit par Jamaal al-Dine M. Zarabozo (Ann Arbor, Michigan : Assemblée Islamique d’Amérique du Nord, 1995), p. 27.)

Arrêtons-nous sur la gravité de ces accusations ; les juifs ou les chrétiens auraient-ils vraiment modifié leurs Ecritures avant la naissance de l’Islam ? Muhammad a-t-il vraiment dit qu’il ait pu y avoir dans la Bible des distorsions, des ajouts et des extractions ? Les juifs et les chrétiens n’auraient-ils donc maintenant qu’une version déformée de leurs Ecritures au point que personne ne puisse trouver par elles le chemin de Dieu ?

1- De sévères mises en garde

Les juifs et les chrétiens véritables aiment profondément et connaissent bien leurs Ecritures. Comme ils craignent Dieu, ils n’auraient jamais laissé quelqu’un les modifier ; pour eux, cela aurait été un crime. On trouve dans la Bible des avertissements sévères contre ceux qui seraient tentés de le faire ; ainsi, dans la Torah, le prophète Moïse (Moussa) ordonne :

« Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l’Éternel, votre Dieu, tels que je vous les donne » — Torah, Deutéronome 4.2.

Deux siècles plus tard, Salomon (سليمان) rajoute :

« Toute parole de Dieu est éprouvée. Il est un bouclier pour ceux qui cherchent en lui un refuge. N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur »  — Proverbes 30.5-6

L’Apocalypse, qui est le dernier livre de la Bible, se termine par cette parole solennelle de Jésus :

« Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre. »
— L’Evangile, Injil, Apocalypse 22.18-19.

Ces avertissements sont clairs et aucun juif ou chrétien véritable n’aurait osé y désobéir, de crainte de s’exposer à la colère de Dieu.

2- Une conspiration impossible

Il est important de savoir que la première partie de la Bible chrétienne, appelée Ancien Testament, contient notamment les Psaumes (Zabour) et les cinq livres qui constituent la Torah des Juifs. Si ces écritures ont été falsifiées, cela n’a pu être que le produit d’une conspiration fomentée entre les juifs et les chrétiens puisque les deux se réfèrent à ces livres. Une telle chose a-t-elle pu se produire ?

Il est impensable que les juifs et les chrétiens aient pu se mettre d’accord pour changer ensemble leurs Ecritures. Au contraire, l’Histoire démontre que juifs et chrétiens ont eu de profondes divergences doctrinales, qu’ils se sont opposés et ne sont jamais parvenus à parler d’une même voix en matière de religion.

Les juifs auraient été les premiers à vouloir supprimer toute annonce de Jésus dans leurs Ecritures, comme le verset qui parle de la naissance de Jésus :

« C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel (Dieu avec nous). » — Esaïe 7.14.

Les juifs espéraient en la venue d’un Messie, ils croyaient qu’il serait comme un grand chef politique qui les libérerait de l’occupation romaine. Ils n’ont pas voulu savoir que, et selon leurs propres Ecritures, le Messie promis devait venir, non pas pour les libérer de la puissance étrangère, mais bien de celle de leur propre péché. Cette « version » du Messie ne leur convenait pas ; pourtant leurs Ecritures annonçaient que le Sauveur devait régler le problème du péché en le prenant sur lui et en en subissant le châtiment mérité. Ainsi, le prophète Esaïe avait prédit d’une manière étonnamment précise la venue du Messie et sa mission, et cela sept cents ans avant sa naissance :

« Il (Jésus) a porté nos souffrances, il s’est chargé de nos douleurs et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités (injustices) ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures (blessures) que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel (Dieu) l’a frappé pour l’iniquité de nous tous. Il a été maltraité et opprimé, et il n’a pas ouvert la bouche, semblable à un agneau qu’on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ; il n’a pas ouvert la bouche… On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau parmi les riches, quoiqu’il n’y ait pas eu de fraude dans sa bouche. » — Esaïe 53.4-9.

Ainsi, s’il y a un passage des Ecritures que les juifs auraient bien voulu modifier, c’était bien cette prophétie d’Esaïe 53. Alex, un ami juif, m’a raconté que, durant tout le temps qu’il avait fréquenté la synagogue, il n’avait pas une seule fois entendu le rabbin lire Esaïe 53. Lorsque, pour la première fois, il entendit parler des prophéties sur Jésus, il s’engagea à en faire une étude comparative entre ce qu’annonce l’Ancien Testament ce que dit le Nouveau Testament, l’Injil. Grande a été sa surprise : Jésus était bien le Messie dont parlent ses Ecritures ! Depuis, il est devenu disciple de Jésus.

3- Le respect des Ecritures

Admettons qu’il se soit trouvé des juifs et des chrétiens assez malhonnêtes pour vouloir modifier la Bible ; ils auraient sûrement commencé par enlever tout ce qui n’était pas à leur avantage et qui aurait pu donner d’eux une image négative.
Par exemple, pour les juifs :

« Ce n’est pas parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Eternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. » —Deutéronome 7.7.

« Car c’est un peuple rebelle, ce sont des enfants menteurs, des enfants qui ne veulent pas écouter la loi de l’Eternel… » — Esaïe 30.9.

Le maintien de ces textes, jusque dans les éditions contemporaines, démontre bien que le contenu de la Bible a été respecté, même quand il ne convenait pas à tout le monde. Personne ne s’est jamais proposé « supprimons tout ce qui pourrait ternir notre image ». C’est au contraire une particularité de la Bible de ne cacher aucune faute, même de la part des prophètes ou des apôtres. Si leurs faiblesses sont aujourd’hui exposées, c’est que personne ne les a enlevées.

4- Le nombre élevé de Bibles en circulation

Si on avait voulu falsifier le Nouveau Testament avant le VIIe siècle, au cours de ce siècle ou peu après, il aurait ainsi fallu aussi falsifier les milliers de manuscrits grecs rédigés auparavant, les traductions alors répandues, et les citations des pères de l’Eglise ; tâche impossible qu’illustre bien l’analogie suivante :

Imaginez que les premières copies manuscrites d’un livre écrit jadis par M. Abdul-Aziz aient été conservées par plusieurs foyers de telle ville, dont celui de vos ancêtres ; ces copies étaient identiques et reproduisaient fidèlement le texte original. Voilà que, plusieurs siècles après, de votre temps, s’élève quelqu’un qui affirme que le livre de M. Abdul-Aziz aurait été manipulé depuis longtempset que les éditions imprimées actuelles ne seraient plus dignes de confiance. Comme vous possédez, transmise de père en fils, cette première copie citée plus haut, vous pourriez alors interpeller ce monsieur : « Attendez, j’ai la première édition chez moi, nous allons comparer, montrez-moi donc les falsifications portées sur les éditions actuelles ! » Chacun des autres possesseurs de l’ancienne copie pourrait aussi apporter la sienne et confondre avec vous le détracteur.

Il en est de même avec la Bible. Les copies des manuscrits originaux, transcrites avec minutie, circulaient en grand nombre à l’époque présumée de la falsification ; si quelqu’un avait voulu altérer le texte, il lui aurait fallu passer de maison en maison et récupérer chaque copie (et même traduction) en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient… puis altérer le contenu de chacune d’elle de la même manière. Il lui aurait fallu modifier aussi toutes les citations existantes des pères de l’Eglise… Aurait-ce été possible ? Non ! Car même s’il avait pu arriver qu’une copie ou traduction, ou citation ait pu subir quelques altérations, la comparaison avec les autres documents en circulation aurait tout de suite permis de corriger les erreurs ou les mauvaises intentions.

5- D’autres confirmations archéologiques

Très souvent, les détails historiques de la Bible ont été confirmés par l’archéologie. On a ainsi fait une découverte de grand intérêt, celle des tablettes des rois d’Assyrie mises au jour lors des fouilles de la ville de Ninive. Il s’agit de plaques d’argile gravées datant du 8e siècle avant J.-C. Elles portent les mentions des expéditions militaires conduites par les Assyriens contre plusieurs rois d’Israël. Les noms de ces rois ainsi que la quantité d’or et d’argent qu’ils ont du payer en tribut y sont répertoriés. Or, jusqu’à ces découvertes, la Bible était seule à mentionner les noms de ces rois et certains affirmaient qu’ils étaient légendaires !

En ce qui concerne le Nouveau Testament, on a découvert, gravés sur la pierre, les noms de contemporains de Jésus, tels qu’Hérode le Grand (roi de Judée et de Samarie), Ponce Pilate (gouverneur romain) et Caïphe (grand prêtre) ; parfois même figurent les dates de leur exercice en accord avec celles mentionnées dans la Bible.

Ce ne sont là que deux des innombrables découvertes effectuées au Proche Orient et qui mettent en relief la pertinence de mentions historiques de la Bible.

Selon Dr Nelson Glueck, un des archéologues contemporains parmi les plus reconnus :

« On peut affirmer formellement qu’aucune découverte archéologique ait pu contredire un texte biblique. Nombreuses sont les découvertes archéologiques qui confirment les affirmations historiques de la Bible soit dans les grandes lignes soit même dans des détails précis. »       (Nelson Glueck, Rivers in the Desert (New York: Grove, 1960), 31.)

6- L’unité du message biblique

Comme la rédaction des 66 livres de la Bible s’est échelonnée sur une période de plus de 1 600 ans, comme elle est le fait d’une quarantaine d’auteurs d’arrière-plan social et culturel très divers, originaires de trois continents et utilisant trois langues différentes, on pourrait s’attendre à trouver entre eux des incohérences et des contradictions, des principes et des préceptes incompatibles. Or, ce qui est frappant dans cette collection de 66 livres réunis en un seul ouvrage, la Bible, c’est qu’elle manifeste une remarquable unité.

Tout au long de la longue période historique que couvre la Bible on peut constater que Dieu reste le même, ne change pas, ni son caractère, ni son langage, que les hommes sont dépeints de la même manière, tels que vus par Dieu. Inlassablement Dieu appelle les hommes à la repentance (retour à Dieu), offre sa miséricorde, manifeste sa patience, mais finit par punir avec justice. Le principe biblique qui veut que « sans effusion de sang il n’y ait pas de pardon »— L’Injil, Hébreux 9. 22 — trouve son application dans le sacrifice demandé à Abraham, l’institution de sacrifices d’animaux par Moïse, la mort expiatoire de Jésus, ainsi que dans les terribles jugements de l’Apocalypse. S’il y a des différences de forme, ce qui est normal pour un livre rédigé pendant plus d’un millénaire, il n’y a pas de différence de fond. Cette unité, cette cohérence de la Bible auraient été rompues si on l’avait falsifiée.

Certes, des personnes malveillantes finissent toujours par trouver dans la Bible ce qu’elles cherchent, à savoir des contradictions et des incohérences, mais, dans bien des cas, ces contradictions ne sont qu’apparentes et tombent quand elles sont considérées sous un autre angle et en référence avec le contexte. De même, les quelques erreurs ou invraisemblances de chiffres ou de dates qui ont pu être révélés ne remettent pas en cause l’ensemble du contenu de la Bible et ne touchent à aucune doctrine essentielle. L’unité de la Bible impressionne bien davantage que les apparentes contradictions et les passages difficiles à comprendre finissent par s’éclairer quand on adopte vis-à-vis d’eux une attitude humble et non arrogante.

7- Dieu préserve sa Parole

Toute accusation contre la Bible soulève de sérieuses questions qui exigent des réponses claires de la part de tout musulman :

–          Dieu n’est-il pas assez puissant pour préserver sa Parole de toute corruption ?
–          Si la Bible [composée notamment de la Torah (Towrat), des Psaumes (Zabour), des Ecrits des prophètes et de l’Evangile (l’Injil)] est la Parole de Dieu, qui accusons-nous au final d’avoir commis un tel forfait ? Ne serions-nous pas là en train de soupçonner Dieu d’avoir permis ou d’avoir été incapable d’empêcher l’altération de sa Parole ?

En tant que mu’ min (croyant en Dieu), je ne peux pas concevoir comment la Parole de Dieu aurait pu être changée par de simples humains. Dieu, le Créateur de toutes choses, le Tout-Puissant, l’Omniscient l’a inspirée. Puisqu’il est Dieu, il a tout pouvoir pour préserver sa Parole de toute corruption et de tout changement. Voici ce que le prophète David (Dawud) dit dans le Zabour :

« A toujours, ô Éternel ! Ta parole subsiste dans les cieux. » — Psaume 119.89 — « L’herbe sèche, la fleur tombe ; mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement. » — Esaïe 40.8.

Jésus le confirme :

« Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. » ; « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas. »— Matthieu 5.18 ; 24.35.

Si « La Parole de Dieu subsiste éternellement », Dieu n’a donc jamais permis que sa révélation écrite ait pu être altérée, il ne le permet pas et ne le permettra jamais. Au travers les siècles, Dieu est resté fidèle à lui-même, ce qu’il a déclaré reste invariable.

Quelle responsabilité endosse celui qui soutient que la Bible ait pu être falsifiée ! Celui qui avance cela énonce déjà une impossibilité pour les raisons citées plus haut, mais il fait surtout de Dieu un menteur au regard de ses déclarations et un incapable au regard de ses moyens. L’homme aurait donc été plus fort que Dieu ? Je crois dans le Dieu qui a inspiré, confirmé et protégé sa Parole et je ne prends pas le risque d’encourir sa colère. Que ceux qui prétendent que la Bible ait pu être falsifiées’examinent donc et considèrent où est le vrai blasphème, eux qui ont toujours ce mot à la bouche ! En disant cela, je ne parle pas de Muhammad (le prophète de l’Islam), car je suis convaincu qu’il n’a jamais voulu dire que la Bible ait pu être falsifiée dans le sens où le prétendent des musulmans aujourd’hui. Ce sera abordé dans la question suivante. (cliquer ici pour lire la réponse)